La défense (sur le plan médical) de deux des médecins,
à savoir l'urgentiste et l'orthopédiste, sous le coup de plaintes
pénales (pour non-assistance à personne en danger
et homicide involontaire), a été assurée,
lors de la réunion du 08/12/2010, par le médecin-chef des urgences
de la clinique.
Sans surprise pour les parents, la thèse de défense est
restée identique: selon la position défendue, il n’y avait
pas de soins médicaux à donner dans les 10 premières heures de
l’accident. L’attentisme, après prise de sang initiale, radiographies
et échographie, sans autre soin ensuite que le mesurage de la
cuisse droite toutes les deux heures (à partir de 20h00) et l’administration
d’analgésique, avec une prise de sang de contrôle à faire le lendemain
matin , au vu de l’accident encouru (le passage d’un camion sur
les jambes de François vers 13h50) était, pour les médecins
mis en cause, la bonne solution. Pour ces médecins, la question
reste cruellement posée : qu’aurait-on pu faire de plus ?
Pourtant la pathologie du «crush syndrome», ou syndrôme d’écrasement,
a été découverte et portée à la connaissance de tout le monde
médical par le docteur Eric BYWATERS [1] dès 1941. Ce syndrôme
fait l'objet d'un enseignement attentif en faculté de médecine
à tous les bacheliers. Ainsi, les mesures de surveillance
et le traitement à réaliser, en ce compris préventif (notamment
la dialyse), sont connus et appliqués très régulièrement dans
les hôpitaux lors de catastrophes naturelles ayant conduit à
la compression prolongée des victimes, ou pour les accidents
impliquant des dommages physiques par écrasement sévère.
En dépit de tout cela, les représentants de la clinique où François
a été "reçu" continuent de soutenir qu'il n'y avait rien à faire
tant que des paramètres franchement dégradés n'étaient pas constatés.
On peut raisonablement se poser la question suivante: combien
de patients arrivés ainsi dans le service d’urgence de la clinique
où François est décédé n’ont donc pas pu bénéficier de soins adéquats
et combien de victimes encore à venir ? Cette position va évidemment
à contre sens de tout ce que l'on peut lire à ce sujet dans la
littérarure médicale, mais pour les médecins du service des urgences
entendus, il ne s'agirait pas en final d'un crush syndrome non
traité qui serait la "cause racine" de la mort
de François...
La mise en cause du diagnostic posé par les médecins des soins
intensifs de la clinique où François a été soigné pendant une
semaine avant de décéder, laisse cependant les parents
de François perplexes : si le rapport d’expertise devait infirmer
le diagnostic de "crush syndrome", les médecins des
soins intensifs devraient, dès lors, être mis en cause
puisqu’ils ont soigné François pour une pathologie qu’il n’avait
pas, et, qu'en outre, ils n'auraient pas traité la pathologie
qu’il convenait de traiter. Quelle équipe médicale !
Les parents de François restent cependant confiants dans la suite
de l’expertise car les agissements de l’urgentiste, de l’orthopédiste
et du radiologue impliqués doivent être appréciés par rapport
aux soins qu’auraient donnés des médecins consciencieux, compétents
et attentifs à leur patient.